L’existence d’un couvent à Avernes est liée à celle bien plus ancienne d’un temple Huguenot.
En effet, la tradition populaire veut que Calvin, fondateur de l’église réformée soit venu se réfugier durant l’année 1534 chez son ami le seigneur d’Hazeville, après le scandale provoqué par le discours prononcé à la Sorbonne par son recteur Nicolas Cop (1533).
Il y aurait commencé à rédiger son livre intitulé “l’Institution chrétienne“.
Le pavillon de Calvin situé près du château, fut détruit par une bombe américaine durant la dernière guerre.
Ce fut là et dans les environs que Calvin commença ses prêches d’une autorité considérable, à tel point qu’il réussit à convertir plusieurs seigneurs du Vexin, qui entraînèrent leurs paysans dans de nouvelles pratiques religieuses.
Mais il s’agit d’après certains historiens d’une légende qui ressemble à s’y méprendre à un “mythe fondateur” qui convient aussi bien aux protestants qu’aux catholiques.
Catherine de Médicis interdit le rassemblement des huguenots à Meulan.
C’est alors à Avernes qu’ils décidèrent d’établir leur temple. On attribue à Avernes le privilège d’être le plus ancien temple français (1563). Ce temple exista jusqu’en 1685, date où le roi Louis XIV, révoquant l’édit de Nantes, en ordonna la destruction.
C’est un an plus tard, le 22 août 1686 que ce même roi fit don de l’emplacement et des démolitions de ce temple pour y bâtir un couvent avec une “ecolle” afin d’y instruire les enfants du village.
Depuis cette date et jusqu’à nos jours, des sœurs vécurent sans interruption à Avernes, de 1686 à 1986 des sœurs de l’ordre de saint Vincent de Paul, et depuis des sœurs de la congrégation des Ancelles du Sacré Cœur.
Même durant la révolution française, nous savons que le citoyen Président du département de Seine et Oise qui avait ordonné l’expulsion des sœurs et la vente aux enchères de leur maison, a dû revenir sur sa décision pour répondre à la demande de la population qui s’opposait à cette exécution. Cette même population qui avait transformé l’église en temple de la raison d’où les mots “liberté, égalité, fraternité” gravés sur le porche et qui avait fait guillotiner son curé Ferdinand de Caix.
Mais on ne touche pas aux sœurs ! …
Ce n’est qu’en 1856 qu’elles quittèrent l’ancien temple pour s’installer dans une nouvelle demeure, don de Louis Octave de Boury et de sa femme Mathilde Roger de Gadancourt. Cependant il était stipulé que la communauté devait “entretenir à perpétuité dans la commune d’Avernes, deux ou trois sœurs chargées de l’instruction des jeunes filles et du soin des malades“.
C’est pourquoi, dans la commune d’Avernes jusqu’au début du XXe siècle, il n’y avait qu’une école de garçons, les filles allant toujours chez les sœurs.
La construction de la chapelle date seulement de 1896.
Témoignage de Xavier Lerdu
J’ai été, comme de nombreux enfants du village, un client assidu des sœurs.
Dès ma naissance où, au dispensaire créé par le docteur Clarisse, l’on s’évertuait à me peser, mesurer, et malgré moi me vacciner.
Du dispensaire à la garderie, il n’y avait qu’une porte à franchir.
Sœur Angèle s’occupa de moi en me faisant tracer des pages entières de bâtons, de ronds et le comble. À l’âge de 5 ans, elle m’apprit coudre, à tricoter et à faire de la charpie.
C’est encore chez les sœurs que j’ai appris avec Mlle Saint-Etienne à lire, écrire et compter.
J’y ai rencontré des soldats américains qui, comme chaque année, venaient à Noël du S.H.A.P.E. de Saint-Germain pour offrir des cadeaux aux petites orphelines.
J’ai assisté aux spectacles des jeunes d’Avernes et je suis même monté une fois sur scène pour jouer le rôle d’un des 7 nains dans Blanche-Neige. Ce devait être sûrement celui de Grincheux. Je me vois bien dans ce personnage. Pourvu que ma hache sculptée dans un morceau de bois par mon père n’ait pas brûlé dans ce dernier incendie…
Quittons les souvenirs, car je risquerais bien de subir encore une fois les quolibets de certains avernois cachés derrière leur bouclier “armure peu stratégique servant de rempart défensif et protecteur”.
Incendie chez les sœurs
Un incendie s’est déclaré le mardi 4 novembre 2003 vers 19h45 chez les sœurs au moment où les cinq religieuses priaient dans la chapelle.
Selon les premières constatations, le feu est parti de la scène de théâtre située dans la grande salle. Les flammes ont gagné le garage et commençaient à atteindre l’étage et la toiture au moment où sont intervenus les pompiers.
De nombreux Avernois regroupés le long de la route assistèrent désolés et impuissants à cette catastrophe. Un mouvement de solidarité s’est vite manifesté, chacun essayant de réconforter comme ils le pouvaient les religieuses. Les rôles étaient pour une fois inversés.
En conclusion
La présence des sœurs à Avernes a marqué la vie de ce village. La population a toujours apprécié leur dévouement. Elles ont su par leurs qualités se faire aimer de tous.
C’est pourquoi nous tenons à leur présence et que nous avons eu si peur lors de cet incendie en 2003 qui heureusement n’aura pas fait trop de dégâts et honte à celui qui a profité de ces moments troublés pour pénétrer dans leur propriété afin de les cambrioler.